Une crise du microcrédit évitée : le cas du Bangladesh
Le secteur bangladais de la microfinance, dont l’expansion date des années 90, a poursuivi son essor durant la première décennie du XXIe siècle, le nombre d’emprunteurs actifs augmentant chaque année de 15 % à 28 % entre 2004 et 2007. Or, à la fin de 2007, les institutions de microfinance (IMF) ont commencé à craindre qu’une croissance rapide et persistante n’ait des conséquences négatives. En 2007, Shafiqual Haque Choudhury, fondateur et président d’ASA, l’une des plus grandes IMF, remarquait qu’« un volume excessif de prêts sur un marché saturé pourrait provoquer un « déraillement » susceptible d’ébranler l’ensemble du secteur et de faire peser sur les emprunteurs un endettement dont ils n’avaient pas besoin ».
Pourquoi la croissance a-t-elle été si rapide jusqu’à 2008 ? Pourquoi cet arrêt soudain de l’expansion des succursales et des effectifs en 2008 ? Pourquoi le nombre d’emprunteurs s’est-il stabilisé ? Comment le marché s’est-il adapté ? Une crise se préparait-elle, qui a été évitée ? La présente note examine ces questions. Pour dresser un tableau complet de la situation, nous ne décrirons pas seulement le comportement des IMF, mais comparerons les déclarations de leurs dirigeants aux points de vue de leurs clients. Notre objectif est ici de décrire l’évolution de la microfinance au Bangladesh au cours de la décennie écoulée, et de dégager des enseignements du tournant majeur pris en 2008 puisque le pays a paré à une crise.