Fournir des services financiers aux réfugiés
"J’ai suivi six formations professionnelles, dont la cuisine, le maquillage, la fabrication de savon et la coiffure. Mais au bout du compte, je n’ai pas pu en faire un travail car je n’étais pas en mesure d’acheter l’équipement nécessaire. Pas même des ciseaux pour couper les cheveux à mon fils."
Ce témoignage est celui d’une femme syrienne du camp de Zaatari en Jordanie. Elle est l’une des 200 réfugiés interviewés en Jordanie et en Ouganda dans le cadre d’une étude de marché commandée par la Fondation Grameen Crédit Agricole et conduite par la société de conseil Microfinanza. Ces études, financées par la Swedish International Development Cooperation Agency (Sida), sont une première étape dans la mise en œuvre d’un programme conjoint du Sida, de l’UNHCR et de la Fondation Grameen Crédit Agricole en vue d’étendre l’accès des réfugiés et des communautés hôtes à des services financiers et non financiers en Jordanie et Ouganda.
L’étude visait à évaluer la demande de services financiers et non financiers de la part des réfugiés et leur accès à de tels services. Alors que ces pays présentent un environnement très différent en termes d’opportunités de marché et de contexte réglementaire, la Jordanie comme l’Ouganda accueillent des populations réfugiées de longue date et connaissant des besoins similaires en services financiers.
En partant des conclusions de ces études, nous partageons ici nos 5 principales recommandations aux fournisseurs de services financiers désireux de contribuer à l’inclusion financière des réfugiés.
1. Ne pas développer des produits financiers spécifiques à l’intention des réfugiés.
Si cette recommandation peut sembler surprenante, les résultats de l’étude montrent qu’il existe déjà sur le marché des produits qui répondent aux demandes identifiées chez les clients réfugiés. Il se peut que vous deviez adapter vos politiques et procédures internes en matière d’identité des bénéficiaires et de garanties, mais il n’existe pas un besoin de produits "réfugiés" spécifiques pour répondre à la demande. Rapprochez votre offre des réfugiés présents là où vous êtes pour les inclure dans la clientèle des produits que vous proposez.
2. Cernez le type et l’ordre de grandeur des crédits dont ont besoin les réfugiés dans votre zone d’intervention.
En Ouganda et en Jordanie, nous avons constaté que si les réfugiés empruntent régulièrement auprès de groupes d’épargnes, de connaissances et de proches, ces fonds ne suffisent pas à couvrir leurs besoins opérationnels. Les réfugiés souhaitaient un accès à des modes de crédit formels, donnaient une préférence aux prêts individuels, et étaient pour la plupart disposés à payer des intérêts. L’enquête a également fait apparaître un besoin de financement de produits énergie verts dans les camps, de même qu’un potentiel de développement de services financiers numériques, auxquels les réfugiés des deux pays ont déjà recours. En Ouganda, où des terres sont relativement accessibles aux réfugiés, il existe également une demande de produits agricoles, de la part tant des particuliers que d’entreprises à la recherche de matières premières agricoles.
3. Analysez leurs idées d’affaires et leurs projets commerciaux. Les réfugiés font preuve d’un remarquable esprit d’entreprise.
En Ouganda, 78 % des réfugiés ayant participé à l’étude envisagent de lancer ou de développer leur propre activité, 60 % ayant déjà fait de premiers pas en ce sens – en puisant dans leur épargne, en recourant à des emprunts informels et en suivant des formations professionnelles. En Jordanie, la plupart des réfugiés préféreraient lancer leur propre affaire plutôt que de rechercher un emploi dans les secteurs assez limités qui sont accessibles aux non-Jordaniens. En termes de segmentation selon les sexes, environ une femme sur quatre en Jordanie a la ferme intention de développer sa propre affaire, généralement à domicile ; cette proportion monte à une femme sur trois en Ouganda.
4. Dépassez l’appréhension quant au risque de retour : les faits prouvent que les réfugiés ne s’établissent que rarement ailleurs.
Le risque de retour ou de changement de lieu est une préoccupation souvent évoquée par les IMF lors de la prise en compte des réfugiés comme un marché potentiel. Pourtant, nos études montrent que la grande majorité des répondants n’ont pas de plans, même vagues, de retour dans leur pays ou de déménagement vers un autre pays. De même, les relocalisations dans le même pays sont rares. Les réfugiés interrogés aspiraient bien plutôt à gagner une indépendance économique qu’à s’établir ailleurs. Entre 2014 et la fin avril 2018, seuls 5 % de la population réfugiée déclarée en Jordanie et 1 % de celle établie en Ouganda ont changé de lieu d’habitation.
5. Envisagez de compléter votre offre de crédit par des services non financiers.
Dans les deux pays, les services non financiers – avant tout l’éducation financière et un soutien à la gestion commerciale – sont des thèmes importants pour les réfugiés n’ayant que peu ou pas du tout d’expérience préalable du crédit ou de la conduite d’une activité commerciale. Les IMF pourraient utilement appliquer leurs procédures de segmentation de clientèle afin de déterminer quelles catégories, parmi les populations réfugiées, pourraient avoir besoin de tels services non financiers. Cela fait, elles peuvent envisager des partenariats avec des ONG spécialisées existantes ou développer leurs propres programmes.
Bonjour,
J'ai eu à travailler dans une zone de conflit au Senegal. Ce conflit avait engendré beaucoup de déplacements de populations pour fuire la violence. Avec l'accalmie nous avons constaté un retour de ces populations déplacées. Pour accompagner ce retour avec l'absence des structures de microfinances nous avons développés la mise en place de fonds de soutien qui sont des banques villageoises gérées par les communautés ells mêmes pour permettre aux ménages vulnérables d'avoir des prêts avec des taux d'intérêts fixes par la communauté. Ces prêts permettaient à ces ménages de faire face aux chocs, de traverser les periodes de soudure avec comme finalité la non décapitalisation et la preservation de leurs revenus.
Nous avons mis en place avec les communautés des comités de gestion avec des règles de fonctionnement élaborées par ces mêmes communautés. En tant que structure humanitaire nous avons sous forme de subvention donné 800000 FCFA à 1500000 FCFA en fonction de la taille des ménages pour la constitution du fond en première année. En deuxième année sur la base des performances du fond nous apportions une autre subvention pour la consolidation.
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