Un bilan en demi-teinte d'inclusion financière dans le monde
A l'occasion du 11ème Forum Mondial Convergences, grand-messe du développement durable qui s'est tenue les 3 et 4 septembre à Paris, le Baromètre de la Microfinance a été lancé pour la 9ème année consécutive. Cette publication phare présente les chiffres clés et actualisés du secteur et met en avant les principales tendances au niveau mondial. Le Portail revient sur les données majeures de l'industrie avec un zoom sur l'Afrique Sub-Saharienne.
Un bilan nuancé des derniers chiffres de la microfinance dans le monde
Les 981 prestataires communiquant leurs données à la plateforme MIX ont atteint, fin 2017, 139 millions de clients à faibles revenus et un portefeuille de crédit de 114 milliards USD ; une croissance de 15,6% en encours et 5,6% en nombre d'emprunteurs par rapport à 2016. En dépit d'une croissance positive du portefeuille de crédits non négligeable, le taux de croissance du nombre de clients a, lui, fortement diminué et été divisé par deux comparé à l'année précédente. Alors que des milliers d’opérateurs proposent des services en microfinance, les 100 principales institutions dominent toujours le marché avec 76% de l'encours global (87 milliards USD) et 78% du total d'emprunteurs (108 millions).
Si l’on résume les grandes tendances par région, on observe que :
- L'Asie du Sud enregistre, à nouveau, la plus forte croissance en terme d'encours (+24,2%) et reste leader quant au nombre de clients (60%) malgré un fort ralentissement de cet indicateur pour la deuxième année consécutive (passant de 13,4% en 2016 à 6,6% en 2017).
- L'Asie de l'Est et le Pacifique se démarquent des autres régions par une forte croissance tant de l'encours (+18,1%) que de des emprunteurs (+10,6%).
- L’Amérique latine et les Caraïbes figurent toujours en tête tant sur le nombre de prestataires (29%), lesquels desservent une clientèle majoritairement urbaine (67%), que sur l’encours global (43%) du secteur.
- La zone Europe de l’Est - Asie Centrale connait une nouvelle année difficile : l’encours de crédit a augmenté (+6,3%) alors que le nombre d’emprunteurs poursuit sa baisse (-2,3%).
En Afrique Sub-Saharienne, une inclusion financière tirée par la banque mobile
En 2017, 160 institutions financières africaines ont communiqué leurs données au MIX. Celles-ci ont atteint un encours de 9 milliards USD et 6,8 millions de clients, soit 8% de l’encours de crédit et 5% des clients mondiaux. Comparé aux autres zones, l’Afrique concentre en effet une majorité d’épargnants supérieure aux emprunteurs due à la forte présence des mutuelles qui requiert une épargne préalable avant l’accès au crédit. Cette région enregistre la croissance la plus faible tant en terme de portefeuille de crédit que de nombre de clients.
En Afrique Sub-Saharienne, l’argent mobile a été sans conteste le moteur de l’inclusion financière ces dernières années.
Ces données sont toutefois à nuancer au regard des conclusions du rapport Global Findex 2017 puisqu’en Afrique Sub-Saharienne, l’argent mobile a été sans conteste le moteur de l’inclusion financière ces dernières années. Si la part des adultes titulaires d’un compte dans une institution financière n’a augmenté que de 4 points, celle de ceux possédant un compte bancaire sur mobile a presque doublé depuis 2014, atteignant 21% en 2017. Ce chiffre est certainement le plus élevé de toutes les régions du monde. Des pays comme le Sénégal/la Côte d’Ivoire et le Gabon atteignent le haut du panier avec respectivement 30% et 44% d’adultes possédant un compte d’argent mobile.
L’Afrique Sub-Saharienne s’illustre, en outre, par une clientèle majoritairement rurale et agricole (62%). Même si les IMF sous forme de banques ou d’institutions privées non bancaires progressent notamment en zones urbaines, les réseaux mutualistes et coopératives d’épargne et de crédit, traditionnellement issues du monde rural, dominent encore la région.
L’ensemble des données ci-dessus proviennent des informations fournies par les prestataires de services financiers (PSF) au MIX (Microfinance Information eXchange) Market, afin de garantir une vision globale de l’ensemble des marchés. Les IMF envoient leurs données à MIX sur une base volontaire et ces données font l’objet d’une vérification ; le MIX ne collecte donc pas de données sur l'intégralité des acteurs présents dans les pays.