L’émancipation commence par l’identité
Dans de nombreux pays, l’ouverture d’un compte bancaire est un processus complexe qui nécessite plusieurs documents officiels. C’est pourquoi de nombreuses personnes pauvres, dont notamment des femmes, n’ont d’autres choix que de se tourner vers l’économie informelle. Mais elles ne devraient pas avoir à le faire. Les systèmes d’identification (ID) mis en place par les technologies numériques peuvent permettre aux gens de prouver leur identité en scannant leurs empreintes digitales ou en photographiant un QR code. Une avancée technologique qui rend le processus d’ouverture de compte et d’autres transactions financières beaucoup plus rapides et plus simples que par le passé.
Plusieurs pays exploitent déjà le potentiel des systèmes d’identification numériques pour transformer le quotidien des femmes. Par exemple, l’Inde a mis à profit la technologie biométrique pour fournir un numéro d'identification unique à plus de 1,2 milliard de personnes, afin de faciliter le processus de vérification d'identité pour l'ouverture de comptes bancaires. Ces efforts ont permis de réduire l’écart entre les hommes et les femmes possédant un compte bancaire de 20% à 2014 à seulement 6% en 2017.
Le manque d’identification officielle est un obstacle à l’inclusion financière
D’après Global Findex 2017, 1,7 milliards de personnes dans le monde, dont 980 millions de femmes, ne sont pas bancarisées. Parmi ces personnes, un cinquième déclare ne pas avoir la documentation nécessaire pour ouvrir un compte bancaire. L’absence d’une pièce d’identité officielle est la plus grande barrière pour s’identifier. Une récente enquête menée auprès des autorités du secteur financier dans 124 juridictions montre qu'une pièce d'identité délivrée par le gouvernement est requise dans 90% des cas pour l'ouverture de compte par les banques commerciales. De plus, comme de nombreux systèmes d'identification sont limités dans leur couverture et leur robustesse, les organismes qui ont du mal à vérifier l'identité des clients exigent souvent une documentation supplémentaire ou prennent un risque plus élevé, ce qui augmente le coût des produits et services financiers.
Le manque d'identification officielle représente donc un obstacle important à l'inclusion financière des pauvres, en particulier des femmes. Jusqu'à 1 milliard de personnes dans le monde ont encore du mal à prouver leur identité. Et dans les pays à faible revenu (PFR), 44% des femmes n'ont pas de carte d'identité, les femmes peu instruites et celles vivant dans les zones rurales étant particulièrement susceptibles d’avoir des problèmes à prouver leur identité (cf graphique 1).
Graphique 1 : probabilité d'avoir une pièce d'identité dans les pays à faibles revenues. Différences entre les hommes et les femmes.
Les obstacles spécifiques au genre auxquels les femmes peuvent être confrontées lors de l'obtention d'une pièce d'identité comprennent :
- Obstacles juridiques, par exemple, l'obligation d'avoir un tuteur masculin ou un mari présent pour s'enregistrer.
- Obstacles procéduraux, par exemple, l'obligation pour les femmes mariées - contrairement aux hommes - de fournir une preuve de leur état matrimonial pour obtenir une pièce d'identité.
- Obstacles économiques, par exemple, manque de fonds pour couvrir les frais de transport vers un centre d'inscription.
- Obstacles sociaux, par exemple, restrictions de la liberté des femmes de voyager en dehors de leur domicile ou de leur communauté.
Les systèmes d’identification numériques peuvent aider les femmes à accéder aux services financiers
S'attaquer à ces obstacles est au cœur de l'initiative « Identification pour le développement » de la Banque mondiale (ID4D). ID4D aide actuellement plus de 40 pays à concevoir et mettre en œuvre des systèmes d'identification numérique et d'enregistrement civil inclusifs et fiables, en collaboration avec d'autres partenaires de développement. Avec le soutien d’ID4D, les pays modernisent leurs cadres juridiques afin de faciliter l'enregistrement et de renforcer les garanties de confidentialité. Et ce en rapprochant l’enregistrement des pièces d'identité au domicile des femmes et en adoptant de nouvelles technologies de vérification et d’authentification des identités pour permettre aux femmes d’utiliser plus facilement leurs pièces d’identité pour accéder aux services financiers.
De nombreux pays ont déjà fait de grands progrès dans l'utilisation des systèmes d'identification numériques pour autonomiser les femmes. Au Pakistan, par exemple, des millions de femmes possèdent maintenant une carte d'identité nationale informatisée (CNIC), qui leur permet d'accéder aux programmes d’aide gouvernementale, au lieu de leurs maris ou frères. En Ouganda, rendre les cartes d'identité nationales plus accessibles à tous a permis aux petits commerçants, dont la majorité sont des femmes, de prouver leur identité plus facilement lors du passage des frontières et de l’accès aux services financiers, augmentant ainsi leurs opportunités commerciales et leurs revenus.
Les technologies numériques offrent également une large place aux innovations associant identification et inclusion financière. Le BiM du Pérou (Billetera Movil) est un bon exemple. Au Pérou, près de 60% de la population - et 65% des femmes - n'a pas de compte bancaire, ce qui limite les opportunités économiques pour beaucoup et rend plus difficile, moins fiables, les transferts gouvernementaux en espèce. Face à cette problématique, les principales institutions financières et sociétés de télécommunications du Pérou se sont associées en 2015 pour créer BiM, un portefeuille électronique mobile qui permet aux utilisateurs de recevoir et de transférer des fonds numériquement, notamment pour payer les factures, les taxes et les frais de scolarité.
Grâce une identification quasi générale, les Péruviens peuvent aujourd’hui ouvrir un compte BiM en utilisant uniquement leur numéro de téléphone mobile et leur numéro d'identification unique. La vérification du portefeuille électronique peut se faire numériquement en quelques minutes et permet aux transactions de se produire en temps réel. Les femmes entrepreneures comme Maria, qui gère une épicerie à Lima, utilisent désormais BiM pour payer les fournisseurs et recevoir les paiements des clients. "Je n’utilise plus d’espèces. Mon argent est dans le porte-monnaie électronique. Les voleurs peuvent prendre mon téléphone, mais pas mon argent".
Bien qu'il reste encore beaucoup à faire, le gouvernement, les partenaires au développement et le secteur privé ont insufflé un élan important pour combler les lacunes de l’identification. Aujourd’hui, les systèmes d'identification numérique sont des plateformes qui facilitent l'inclusion financière et les paiements numériques. Ensemble, nous pouvons donner aux femmes les moyens de participer pleinement à la société et à l'économie.
Existe-t-il des questionnaires qui régissent le cadre juridique et politique de l'inclusion financière et économique des femmes ? Si oui, pouvez-vous nous partager ?
En effet, nous sommes entrain de rechercher les cadres législatifs et juridiques disponibles par pays africains relatifs à l'inclusion financière et économique des femmes
Laisser un commentaire