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Risque climatique en Afrique : quel rôle peut jouer l'inclusion financière ?

Trois mesures pour soutenir les petites entreprises et les agriculteurs de plus en plus impactés par les événements climatiques extrêmes
Innondations à Accra au Ghana.

Voici Dorothy*, propriétaire d'une épicerie de détail et de gros à Accra, au Ghana.

"J’ai été touchée par une très grosse inondation en mai dernier. Je ne l’ai pas vu venir, j’ai déjà subi des inondations plusieurs fois mais pas aussi importantes. L'eau est montée jusqu'à 1,5 mètre et est restée toute une journée. Cela a détruit tous mes stocks, y compris les conserves. J'ai dû fermer boutique pendant une semaine et j'ai perdu une partie de mon capital. J'ai maintenant des difficultés financières. Et je sais que ce genre d’inondation se reproduira."

Comment pouvons-nous, en tant qu’institutions d’inclusion financière, soutenir des personnes comme Dorothy ? Chez Advans Ghana, nous nous efforçons de répondre à cette question alors que nos clients sont de plus en plus confrontés à des risques liés au climat. Voici trois étapes clés que nous avons identifiées et que tous les prestataires de services financiers (PSF) devraient suivre :

Première étape : recueillir des informations

La première étape pour aider les clients à gérer les risques climatiques est de savoir : 1) quels risques climatiques sont répandus et où 2) quel est l'impact de ces risques sur nos clients et 3) dans quelle mesure nos clients sont préparés. 

Pour commencer, nous devons cartographier les différents risques climatiques afin de comprendre quels risques ont un impact sur quels zones et dans quelle mesure. Par exemple, Advans en collaboration avec Horus Development Finance estime qu'environ 25% de nos emprunteurs au Ghana sont déjà fortement ou extrêmement exposés aux crues soudaines, et que ce pourcentage augmentera de 4% d'ici 2040. Le magasin de Dorothy se trouve dans une zone sujette aux crues soudaines, d'autres petites entreprises et agriculteurs du Ghana sont touchés par des glissements de terrain ou des épisodes de chaleur extrême.

Graphique représentant les différents niveaux de risque aux inondations pour les clients d'Advans Ghana.

Une fois que nous avons cartographié les différents risques climatiques, nous devons comprendre leurs effets sur les différents secteurs d’activité. Notre travail au Ghana, en Tunisie et en Côte d’Ivoire nous a montré que les secteurs agricoles ont tendance à être les plus vulnérables. Par exemple, un client Advans à Tamale (Ghana) qui possède un élevage de volailles souffre lorsque les périodes de chaleur extrême affectent la capacité de ponte des poules, ce qui entraîne une baisse des revenus.

Certains secteurs urbains sont également exposés aux risques climatiques, notamment les services et magasins disposant d’actifs ou de stocks importants, et ceux qui dépendent de ressources telles que l’eau et l’électricité. Par exemple, l’épicerie de Dorothy possède de nombreux stocks vulnérables aux dégâts des eaux. Tout type d’inondation peut donc avoir des conséquences désastreuses si ces stocks ne sont pas protégés.

Enfin, nous devons déterminer le niveau de résilience climatique de chaque client. Certains clients sont déjà conscients d'un risque et ont apporté des modifications pour l'atténuer, comme placer leurs stocks sur des étagères en hauteur, placer les poulets dans des zones mieux ventilées et leur donner de l'eau plus fraîche, ou même déménager d'une zone à risque climatique. Cependant, d’autres, comme Dorothy, n’en auront pas les moyens ou ne réalisent pas le risque. Chez Advans, nous avons initialement évalué la résilience des clients au moyen d'enquêtes, et nous prévoyons désormais de l'intégrer dans notre méthodologie d'évaluation des prêts.

Forts de ces informations – sur la cartographie des différents risques climatiques, leur impact sur les activités de nos clients et leur degré de sensibilisation à ces risques – nous pouvons alors passer à la deuxième étape.

Deuxième étape : sensibiliser

Les populations africaines seront frappées par des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents dans les années à venir. Les acteurs de l’inclusion financière ont donc le devoir de sensibiliser activement leurs collaborateurs et leurs clients aux risques climatiques. Le personnel à tous les niveaux doit être formé aux conséquences du changement climatique et à la manière dont il peut affecter les clients et les opérations quotidiennes. Le personnel peut alors aider les clients à comprendre l’impact des risques climatiques sur leurs entreprises et les aider à préparer l’avenir. Par exemple, Dorothy pourrait bénéficier de :

  • Conversations avec son agent de crédit sur d'éventuelles stratégies d'atténuation des inondations ;
  • Séances de sensibilisation de groupe sur les inondations dans son marché ;
  • Dépliants avec des images clés sur la façon de préparer les entreprises aux inondations ;
  • Messages mobiles et sur les réseaux sociaux pour l'alerter du début de la saison des pluies ou lui fournir des alertes météorologiques avant une période de fortes pluies ;
  • Retour d'expérience d'autres propriétaires d'entreprises sur la façon dont ils ont été touchés par les inondations et ce qu'ils ont fait pour se protéger.

Chez Advans, nous avons lancé des campagnes pilotes de sensibilisation pour informer les clients des impacts potentiels des inondations sur leur entreprise et des actions à mettre en place pour s'adapter.

Post Facebook d'Advans Ghana avec des conseils pour se protéger des inondations.

 

Troisième étape : adapter les produits et services

Les PSF devront être plus flexibles et innovants pour continuer à soutenir des clients comme Dorothy et garantir qu’ils ne soient pas exclus financièrement en raison de leur vulnérabilité climatique. Pour aider les clients à faire face aux situations d’urgence et à préparer l’avenir, les processus de conception de produits doivent intégrer les risques climatiques et leur impact potentiel. Les PSF doivent être capables de réagir rapidement aux événements climatiques pour aider leurs clients à se remettre sur pied.

Par exemple, Dorothy pourrait avoir besoin des éléments suivants si elle est frappée par une inondation :

  • Un délai de grâce sur son prêt, ou la possibilité de sauter au moins un paiement ;
  • Un prêt en espèces rapide pour payer les fournitures de base ;
  • Un prêt complémentaire pour relancer son activité ;
  • Un compte d’épargne immédiatement accessible en cas d’urgence climatique ;
  • Un versement provenant d’une assurance commerciale sur mesure.

Pour se protéger à l'avenir, Dorothy voudra peut-être également investir pour surélever le sol de son magasin, sécuriser son stock dans des conteneurs étanches, obtenir un toit plus solide ou même déménager dans un autre local.

Les institutions financières doivent concevoir des produits qui donneront aux petites entreprises le temps et les moyens d’investir dans des solutions à plus long terme pour répondre aux risques climatiques.  De cette façon, ils peuvent continuer à alimenter la croissance de leur entreprise et le développement économique tout en garantissant le bien-être des clients à l’avenir. Chez Advans, nous travaillons actuellement au renforcement des capacités en matière de financement de l'adaptation climatique et intégrons ces aspects dans notre stratégie de conception de produits à long terme.

Prenez des mesures dès maintenant

Si les acteurs de l’inclusion financière ne prennent pas ces mesures, les clients les plus vulnérables risquent d’abandonner les systèmes financiers formels que nous avons mis tant d'énergie à développer. Le moment est venu de commencer à se préparer.

Advans Ghana distribue des parasols et des palettes à ses clients sur le marché lors d'un récent événement de sensibilisation aux inondations.

*Le prénom de Dorothy et d'autres détails ont été modifiés.

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