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L’inclusion financière au service d’un monde plus inclusif, plus vert et plus résilient

La nouvelle CEO du CGAP Sophie Sirtaine revient sur les priorités stratégique pour les années à venir

Clients de microfinance au Burkina Faso.

Alors que je m’apprête à prendre les rênes du CGAP aujourd’hui, je souhaite ouvrir la discussion sur ses priorités stratégiques pour les années à venir. Dans cet article, je propose de cerner les défis et opportunités qui, de mon point de vue, sont de première importance pour l’inclusion financière dans le monde. D’autres publications suivront, où j’aborderai les pistes d’action possibles et les réformes à mener pour relever ces défis, en mettant en lumière le rôle qui peut être celui du CGAP.

J’espère que ces billets susciteront la discussion et contribueront à définir la stratégie du CGAP pour les cinq prochaines années. Je vous invite à nous faire part dès maintenant de vos suggestions dans le champ "Commentaires" en bas de page.

L’urgente nécessité de services financiers plus inclusifs m’est apparue pour la première fois en 2008, alors que je rendais visite à des clients d’une institution de microfinance indienne. Je me suis alors rendu compte de la différence que l’accès à un très petit prêt pouvait apporter dans la vie d’un ménage pauvre en Inde.

Peu après, j’ai eu l’occasion d’observer, dans d’autres régions, le pouvoir de l’inclusion financière en matière de réduction de la pauvreté. En pleine crise financière mondiale, j’ai vu, dans les Caraïbes, ce que des garanties de crédit pouvaient représenter pour de petites entreprises touchées de plein fouet. J’ai aussi constaté l’importance de l’assurance des récoltes pour amortir l’impact des aléas climatiques sur le revenu des ménages. Ces expériences et beaucoup d’autres encore m’ont convaincue du rôle essentiel de l’inclusion financière dans un développement mondial durable.

Au vu des difficultés qui frappent notre monde, à l’instar de la pandémie de COVID-19, il me semble que la communauté internationale du développement doit se fixer comme principale priorité de construire un monde plus inclusif, plus vert et plus résilient. Et l’inclusion financière constitue une composante indispensable de la solution.

L’inclusion financière contribue à rendre le monde plus inclusif en donnant aux plus pauvres les moyens de prendre leur vie en main, de saisir les opportunités et d’investir dans l’avenir. C’est un facteur particulièrement essentiel à l’autonomisation des femmes. Un emprunt est, en effet, souvent la clé de leur accès au marché du travail et à un emploi hors du foyer. Il est par ailleurs avéré que l’argent gagné ou géré par les femmes est mieux employé au bénéfice du ménage et profite davantage aux enfants.

L’inclusion financière contribue aussi à la construction d’un monde plus résilient parce qu’elle donne aux plus démunis et aux plus vulnérables les moyens de se protéger contre les aléas. Elle contribue enfin à un monde plus vert, en aidant les pauvres à prendre des mesures pour atténuer les effets des changements climatiques, opérer une transition et s’adapter.

L’inclusion financière doit donc être une composante de la réponse mondiale apportée à la COVID-19, et à beaucoup d’autres problèmes de notre temps. La pandémie nous aura au moins appris une chose : aucun d'entre nous ne peut être en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous. 

L’inclusion financière doit donc être une composante de la réponse mondiale apportée à la COVID-19, et à beaucoup d’autres problèmes de notre temps. La pandémie nous aura au moins appris une chose : aucun d'entre nous ne peut être en sécurité tant que nous ne le sommes pas tous. 

Pour parvenir, dans les circonstances actuelles, à améliorer considérablement l’inclusion financière, il nous faudra agir sur quatre plans.

1. Réduire les écarts d’inclusion financière, en particulier entre les sexes

En dépit des nombreux progrès accomplis dans l’accès aux financements au cours de la dernière décennie, à la faveur notamment de l’essor rapide des services financiers numériques, 1,7 milliard d’adultes dans le monde (soit environ un sur trois) ne disposent toujours pas d’un simple compte courant. Dans les pays les moins avancés, 65 % des adultes ne possèdent pas de compte courant. Environ 56 % des adultes qui n’ont pas accès à des services bancaires sont des femmes, et 50 % comptent parmi les 40 % de ménages les plus pauvres. Au niveau régional, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et l’Afrique accusent un important retard. Sur chaque continent, les pays à faible revenu sont à la traîne des pays à revenu intermédiaire et élevé.

Les pays en situation de fragilité, conflit ou violence sont encore plus en retrait : le taux de possession d’un compte bancaire s’y élève à 31 %, contre plus du double (69 %) dans le reste des pays. S’agissant des groupes de population, les femmes sont à la traîne des hommes, accusant un retard d’environ 9 points de pourcentage pour l’accès à un compte en banque. Les populations rurales, les personnes travaillant dans le secteur informel et l’agriculture, les jeunes, les migrants et les réfugiés subissent aussi une plus forte exclusion financière.

2. Intensifier l’accès aux types de services financiers qui servent efficacement à améliorer la vie quotidienne

L’accès des plus pauvres aux services financiers se limite souvent à la détention d’un simple compte courant (de plus en plus souvent numérique). Cela représente déjà une formidable avancée, car ces comptes permettent de transférer des fonds et de verser des prestations plus efficacement et à moindre coût. Mais ce n’est pas suffisant. Aujourd’hui, le CGAP et d’autres organisations s’efforcent non seulement d’élargir l’accès à un compte bancaire, mais aussi de veiller à ce que les outils financiers permettent effectivement aux démunis d’améliorer leur quotidien. Pour se saisir des opportunités qui façonneront leur avenir et accroître leur résilience, les pauvres doivent avoir accès à des services de crédit, d’épargne et d’assurance qui correspondent à leurs besoins.

Si les services financiers numériques présentent également un formidable potentiel dans ce domaine, d’énormes écarts subsistent entre régions, secteurs et groupes de population. Environ 20 % des adultes dans le monde ont accès au crédit, par exemple, et cette proportion chute même à 8 % dans les pays fragiles. De même, dans les pays les moins avancés, seulement 20 % des adultes passent par une institution financière officielle pour mettre de l’argent de côté.

3. Comprendre les interactions entre inclusion financière et finance verte

Les populations à faible revenu sont les plus touchées par les catastrophes climatiques et les conséquences environnementales des changements climatiques. Elles auront besoin d’un large éventail de services financiers pour atténuer ces effets, effectuer une transition et s’adapter. Il pourra s’agir notamment de services d’épargne et de transfert de fonds (par ex. pour réguler la consommation pendant les périodes de sécheresse ou de faible récolte), de micro-crédits (par ex. pour acheter des actifs plus verts, financer les reconversions ou investir dans une agriculture soucieuse du climat) et d’assurance (par ex. pour se protéger contre la variation des rendements imputable aux dérèglements du climat).

Cependant, les produits financiers nécessaires ne sont pas encore directement accessibles aux plus pauvres. Il va falloir adapter les modèles économiques, ce qui exigera de mobiliser données, ressources et innovation. Les efforts déployés à l’échelle mondiale pour rendre le secteur financier plus attentif à l’écologie pourraient d’ailleurs bénéficier aux démunis en créant une dynamique en faveur de solutions financières plus vertes. Les démunis risquent néanmoins d’être à nouveau exclus si ces efforts devaient majoritairement porter sur des projets climatiques à grande échelle. Il faudra aussi veiller à ce que les cadres politiques et réglementaires soient incitatifs.

4. Favoriser le développement sécurisé de services financiers numériques

Le numérique constitue un levier formidable pour accélérer l’inclusion financière. On recense plus de 850 millions de comptes fonctionnant via la téléphonie mobile dans 90 pays, pour 1,3 milliard de dollars de transactions quotidiennes. L’Afrique subsaharienne fait figure de leader mondial en matière d’argent mobile : 21 % des adultes y détiennent un compte mobile. Ces services s’accompagnent toutefois d’obstacles et de risques auxquels il faut remédier. Les disparités sur le plan de l’accès au numérique restent fortes : plus de la moitié du monde en développement n’est toujours pas connectée ou en mesure de tirer parti des bienfaits de la transformation numérique en cours. Les aspects juridiques, réglementaires, institutionnels et opérationnels, conjugués à la limitation des données et la question du financement, sont autant de facteurs susceptibles de freiner le développement des services financiers numériques et de limiter leur potentiel pour les populations pauvres. Ces services présentent en outre certains risques, liés notamment aux données (cybersécurité, confidentialité, lacunes), à la protection des consommateurs (surendettement, fraude à l’installation d’applications mobiles, piratage de carte SIM, escroqueries sur les réseaux sociaux), aux intermédiaires (liquidité, solvabilité, concurrence) et au blanchiment d’argent et financement du terrorisme. Des risques systémiques sont à craindre si des intermédiaires prennent une trop grande importance dans les services numériques et si diverses formes d’interconnexions existent au sein du système financier.

L’aspiration à un monde plus vert, résilient et inclusif peut nous guider vers l’obtention de progrès économiques durables partagés par tous, assurer une reprise solide et relancer la dynamique en direction des Objectifs de développement durable.

Un programme mondial

Des études supplémentaires et des faits probants seront nécessaires pour traiter ces quatre priorités stratégiques. Les gouvernements, les partenaires du développement et les acteurs privés ont tous besoin de savoir ce qui fonctionne (et doit donc être généralisé) et ce qui ne fonctionne pas (et doit donc être corrigé). Dans cette optique, le dialogue public-privé est essentiel. Il permettra de s’assurer que les politiques et les cadres réglementaires favorisent autant que possible des solutions reposant sur le secteur privé.

L’aspiration à un monde plus vert, résilient et inclusif peut nous guider vers l’obtention de progrès économiques durables partagés par tous, assurer une reprise solide et relancer la dynamique en direction des Objectifs de développement durable. Cette aspiration est totalement en phase avec la vision du CGAP d’un monde dans lequel les populations pauvres, et en particulier les femmes, peuvent, grâce aux services financiers, se saisir des chances d’une vie meilleure et renforcer leur résilience.

Toute l’utilité du CGAP réside dans sa capacité à répondre à des besoins indispensables en matière de connaissances, de modèles, de concertations et de solutions. Il pourra en particulier fournir des éléments d’information pour l’élaboration des programmes politiques et réglementaires aux échelles mondiale et nationale, contribuer à sélectionner et à appliquer à grande échelle des modèles de mise en œuvre efficaces et aider à repousser les limites de l’innovation.

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Koudjo romain , Microfinance, Bénin
04 janvier 2023

Trop bon

Raúl Gómez-Velásquez S. , Développement international Desjardins (DID), Canada
10 février 2022

En DID, nous croyons que les obstacles à l’inclusion financière numérique sont liés (i) au faible accès à l’internet mobile (et à la capacité d’utilisation), à l’information et aux réseaux, et à la faible mobilité des personnes; (ii) à la méconnaissance des institutions financières, aux produits et services financiers peu adaptés et aux exigences de garantie; (iii) aux normes sociales et légales défavorables (propriété, héritage, etc.) et (iv) à la difficulté d’obtenir une preuve formelle d’identité.

Les femmes sont davantage pénalisées puisqu’elles ont moins de chances que les hommes de posséder un téléphone mobile, et d’accéder à l’internet mobile.

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